LRA : Des marines américains à la chasse de JOSEPH KONY ?

LRA : Des marines américains à la chasse de JOSEPH KONY ?

Les Etats-Unis se seraient impliqués dans la lutte contre la LRA pour contribuer à promouvoir  la paix et la sécurité à l’Est de la République démocratique du Congo. Pour ce, un contingent devrait joindre la RDC, en Ouganda, en RCA et au Soudan du sud, une expédition appelée à combattre directement Joseph KONY et son mouvement la LRA. On se souviendra par ailleurs que des forces onusiennes guatémaltèques avaient fait le prix avec huit de ses hommes de paix lâchement assassinés en  janvier 2006 des hommes de la LRA (Lord Resistance Army) dans la zone frontalière Ouganda-Congo. Ces Casques bleus qui avaient essayé de scruter la forêt chère à Joseph KONI ont ainsi péri ; les américains engagés dans une expédition du genre devraient y consentir un plein engagement car KONI est un tueur froid! Où en est ce déploiement d’espoir pour la RDC ?

Cela fait du temps que KONY sème la désolation en RDC (Province Orientale) sans que l’Opinion Internationale ne s’y intéresse ; les espoirs seraient ils permis enfin face à une mission militaire américaine appelée à se déployer en Afrique Centrale pour qu’enfin la RCA, la RDC, le Sud du Soudan et l’Ouganda soient débarrassés de la terreur sans qualification créée par cet individu ? Ces militaires américains interviendraient-ils directement dans la jungle ou une fois de plus, viendraient-ils gonfler l’équipe d’experts et observateurs ?

Que des questions qui laissent planer de l’inquiétude dans l’opinion, notamment de la population de la province Orientale (en RDC) où de pires exactions ont été portées sur des femmes paysannes mutilées ; des femmes se souviendra-t-on, ont eu des lèvres coupées après avoir subi toutes les violences imaginables avant d’être libérées pour porter un message, et quel message !

De sources officielles, une lettre du président américain au Congrès précise que ces militaires viendraient assumer un rôle conseil afin de fournir des informations nécessaires au Pentagone et ne pourraient s’engager qu’en cas de légitime défense. Cette résolution n’est en fait qu’une explication de la recommandation émanant du sommet tenu à Libreville sur la paix et la sécurité en Afrique centrale. Il convient de rappeler que le sommet de Libreville tenu sous les hospices des NU du 10 au 11 octobre 2011 tenait du constat d’échec de pacification de l’Afrique Centrale ; la problématique de la paix en Afrique centrale, préconisait le renforcement d’un appui militaire à la MONUSCO pour pouvoir régler la question de la LRA.

Le nettoyage des contours de la RDC s’impose pour pouvoir prétendre à la pacification totale de l’Afrique Centrale ; de grandes questions militaires sont pendantes depuis des décennies : l’héritage « tigre » née des troupes Katangaises (dites DIABOS) basées à TEIXERA DE SUZA et qui sied encore en Angola depuis 1963, attendant réconciliation, subit un silence coupable des régimes politiques qui se sont succédés depuis un peu plus de 5 décennies,  la dissidence de la DSP déchue avec la chute du régime MOBUTU diluée dans une zone frontalière entre la RDC et le Congo-Brazzaville ainsi que dans la forêt de la province de l’Equateur n’inquiète nullement le politique congolais qui la considère simplement comme un bon débarras ; et à cette situation qui perdure, se joignent des bandes armées traditionnellement établies, disséminées dans les montagnes et  forêts du KIVU, la LRA et les FDLR, les mai-mai et autres mouvements armés, …

C’est certes une initiative louable mais qui demande une certaine lecture de la situation qui prévaut dans la région ; certaines actions paraissent insuffisantes ou teintées de motivations inavouées car le rétablissement d’une paix durable en RDC passe par des résolutions de bonne envergure ; les décisions incomplètes ou insuffisantes sont à déconseiller car les méthodes de répression reconnues aux organisations telles que la LRA sacrifient les populations ; toutes les actions qui sont de nature à « déranger les malfrats de la LRA » se répercutent sauvagement sur de paisibles paysans.

La région d’Afrique Centrale a besoin de grandes actions, continues, efficaces et à impact durable c'est-à-dire, une offensive sans réserve, l’immersion synergique des armées des nations concernées et leur formation pour le future. La formation d’hommes de troupes maîtrisant l’environnement et les enjeux, la mise en place de forces armées fiables, professionnelles et motivées s’impose car on ne peut pas demander à des soldats clochardisés de défendre une patrie ; la patrie est un concept complexe, le patriotisme est un état d’esprit supérieur. Un soldat en guerre est un protecteur de la vie et non un tueur. C’est le type de soldat qu’il faut à la RDC, aujourd’hui. C’est dire que le brassage de bandes armées issues de la rébellion dans les FARDC reste une brèche à l’instabilité et l’insécurité en RDC. L’armée ne peut pas être un dépotoir ; un soldat, c’est un homme à part, un peu comme l’a été le  prototype « MUNGALA » de la Force Publique de l’histoire du Congo, un vrai défenseur de la nation en âme et conscience.

On ne devient pas officier d’une armée normale pour avoir réalisé des tueries ; on le devient pour être passé dans une académie militaire. Le jumeau de Thomas LUBANGA (Bosco TAGANDA) a tacitement et incompréhensiblement été disculpé par le pouvoir congolais en place pendant que son homologue répond des crimes de guerre à la Cour Pénale Internationale ; n’y a-t-il pas moyen de se poser des questions ?

Et, la RDC a besoin d’une armée véritablement républicaine dans un contexte où elle est sans cesse cible d’agressions et de convoitises parfois entretenues par des nations militairement mieux organisées. Il lui faut un équipement de dissuasion appropriée et des bases militaires là où l’histoire a marqué des sentiers d’infiltration. Mais avant toute chose, il faut purifier l’armée, la dégager des fétichistes de tout bord incorporées sous prétexte de brassage. On ne trempe pas un soldat dans la soude caustique pour le purifier de ses actes et en faire un homme nouveau : un criminel reste un criminel, il tuera pour avoir tué.

Les véritables officiers moisissent dans des casernes mais les FARDC ont été polluées avec des nominations d’officiers puisées parmi les faiseurs d’horreur comme si le Congo était moins fort que des individus. Où sont donc les enfants de la MURA, héritage dissuasif de KABILA Père ? Où sont donc les promotions de Chine ? et où sont passés ces officiers expérimentés dans lesquels le Congo a investi pendant la deuxième république ? L’armée, c’est quand même l’armée de la République quoiqu’ayant servi un Maréchal fastidieux !

Ainsi, qu’une centaine de soldats américains viennent jouer le rôle conseil auprès des armées de DRC, RCA ou de l’Ouganda, cela ne serait pas de nature à favoriser une résolution urgente des questions qui hantent négativement la région ; il faut s’attaquer au plus urgent, et la priorité, c’est avant tout la sécurisation immédiate des populations de la RDC notamment. Si les USA s’investissent dans la formation des FARDC, cela devrait se faire de manière complète et durable. Un simple passage d’officiers américains pour travailler sur un tableau noir à haranguer des hommes indisponibles n’avancerait pas pour la résolution définitive de la précarité sécuritaire qui a des motivations que l’on connaît : le Colombo-tantalite, la cassitérite, l’or, … si chèrement regardés par des bandits connus, ce n’est pas un secret.

Et qui sont promoteurs de la pérennité du terrorisme dont souffrent les populations congolaises ?

Il y a lieu de se poser certaines questions de subtilité : Qui est le véritable patron de KONY ? Qui a sponsorisé KUNDABATWARE ? Alors, voyons-nous, les seuls Marines qui s’érigeraient en Officiers Conseil auprès des armées d’Afrique Centrale ne constitueraient pas, à eux seuls, le gage d’une victoire susceptible d’amener à la totale éradication d’un mouvement aussi féroce que la LRA se dessine dans le doute. La mission américaine est certes très bienvenue, mais avec un mandat clair et méthodiquement mené tant dans son contenu que dans le temps. Une telle entreprise appelle l’adhésion totale des pays impliqués pour sa réussite. Des actions politiques s’imposent parallèlement et il faut compter avec des stratégies diplomatiques claires et transparentes. Et pour de telles entreprises, un esprit patriotique élevé s’impose.

Norbert WIBYALA

Journaliste de RDC, Lubumbashi

Province du Katanga

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